Bonjour à tous !
Voici l'avancée de mon travail suite à l'atelier d'écriture avec Josée.
Pendant un peu plus d'un mois, j'ai dormi sur le clic clac du salon d'Orlando, dans l'attente de retrouver mon appartement. J'aimerai montrer par la performance et l'écriture la notion de transit, le besoin de trouver son propre espace : qu'est-ce qu'un chez soi ?
Voici quelques textes personnels, suivis d'extraits de livres lus pendant cette période :
"
Depuis une semaine, elle vit chez Orlando. Tout va bien pour l'instant. Il faudrait qu'elle se remette au boulot assez sérieusement dorénavant. Retrouver la foi. Ça sent bon le pain ici, ça sent bon l'amitié. Même ses mains se mettent à sentir bon.
Ça fait deux semaines qu'elle vit chez Orlando. Elle a mal au crâne et froid aux pieds. Elle désespère du sentiment amoureux et toute scène romantique la gène. Vivante parfois, elle rigole fort et longtemps. Les images elle ne les voit plus. Elle aimerait en refaire, comme ça pour le jeu. Plus rien ne sort d'elle, de son esprit. Ni jouissance intellectuelle ni jouissance physique. Qui écouter ? Partir ? Reprendre l'appareil photo ? pourquoi pas. Partir. On va tous mourir. Elle trouve ça chouette, aucune chronologie aucune organisation. Elle veut sincèrement apprendre à gueuler. Dire ce qu'elle pense. Une bonne fois pour toute. Mais parfois Anna, tu devrais vraiment fermer ta gueule.
Certaines têtes, certains visages l'exaspèrent, la fatiguent. Tiraillée, satisfaite, déçue, entreprenante. Tiraillée épuisement, maquillage, les gens la trouvent jolie, ça lui fait plaisir, ça l'énerve.
"Bonsoir, je peux vous laisser un peu de lecture réconfortante ?" lui dit ce charmant jeune homme en lui tendant un fascicule. Ça commence comme ça : "Bientôt la fin des souffrances ! Pourquoi tant de souffrance ? Vous vous êtes sans doute posé cette question un jour ou l'autre."
Elle a eu A. au téléphone. Il aurait trouvé un appart. Tout se déroule tranquillement. Il lui parle comme à un agent immobilier et il a dit "je vais vider les lieux"
Elle est rarement seule. Elle prends des douches assez longues -la douche est son bureau d'études, l'endroit où elle cogite-, elle dort seule mais Orlando rentre tard du travail, puis dors de l'autre côté du mur, ils dorment presque côte à côte. Toute la journée elle est entourée, sollicitée. Il lui faut un espace. Il lui faut un chez elle.
Hier elle a fait la sieste dans un lit où un couple saoul avait à peine baisé. Pas important, un lit est un lit. Il faudra qu'elle retrouve le sien.
Aujourd'hui elle aimerait dormir chez elle, mais surtout faire le tri. Enclencher le départ / le retour
Ce matin, petit déjeuner avec un bel home moustachu. Hier, diner avec des gens bien. Orlando lui fait la lecture, elle n'y comprend pas grand chose.
À l'église de Gotam, 9 heures du matin sonnent. Elle a très bien dormi cette nuit. Elle se lève la première, elle est tranquille. Le temps n'est pas très beau, elle s'en fout. Elle ne croit pas aux miracles. Tout cela est-il très sérieux ou totalement insipide ?
Orlando disait l'autre soir, ça serait mieux si on pouvait chier nos souvenirs. S'en débarrasser quoi.
Voilà. La dernière nuit ici. Elle a plus besoin d'image que de mots. Même pas une dernière soirée tous ensemble. Tant mieux peut-être.
Le déménagement s'est bien passé pour A. Elle espère qu'il se sentira vite chez lui. Elle espère qu'elle se sentira de nouveau vite chez elle. Il y a un mois, elle avait hâte à dans un mois. Aujourd'hui elle a hâte à demain, et à jeudi aussi.
"
"Leur appartement serait rarement en ordre mais son désordre même serait son plus grand charme. Ils s'en occuperaient à peine : ils y vivraient. Le confort ambiant leur semblerait un fait acquis, une donnée initiale, un état de leur nature. (…) Il leur semblerait parfois qu'un vie entière pourrait harmonieusement s'écouler entre ces murs couverts de livres, entre ces objets si parfaitement domestiqués qu'ils auraient fini par les croire de tout temps créés à leur propre usage, entre ces choses belles et simples, douces, lumineuses. Mais ils ne s'y sentiraient pas enchainés : certains jours ils iraient à l'aventure." Les choses, Georges Perec
"Jusqu'au mariage je me suis "vue" devant moi, dans l'avenir. Ensuite je me suis retournée, et j'ai commencé à me voir derrière." 31 janvier 1994, Journal de Annie Ernaux
"Apte à trébucher sur les coffres, Orlando aimait naturellement les lieux solitaires, les vues dégagées, et le sentiment d'être à jamais, encore et toujours, seul." Orlando, Virginia Woolf
1 commentaire:
Coucou, as tu pensés à une voix off ? (Masculine ou féminine)
Dans ton texte il y a l'idée du fragement, alors par exemple tu représente cela avec le son d'une radio qui gréssille, ce qui met en avant certaine phrase et qui rend imperceptible d'autre. Ou l'idée du Zap, changement de fréquence.
Il y a des artiste qui on bossé dessus, par exemple Rauschenberg : L'oracle
http://idata.over-blog.com/0/05/17/99/voir4/ORACLE-RAUSCHENBERG.jpg
si tu arrives a trouver une vidéo c'est pas plus mal, tu te rendrai compte de l'utilisation de la radio: Différent objet sont disposé dans un espace, il évoque tous le transport car il sont sur roulette. Au passage, il y a une douche. Et puis il y a une radio qui change de fréquence de temps en temps. La radio accentue l'idée de fragment/changement.
Enregistrer un commentaire