Salutations!
Je suis partie sur l'idée d'une "constellation":
C'est une métaphore de ma manière de travailler, chaque élément peut exister de manière indépendante, et l'ensemble donne quelque chose de cohérent et structuré, où tout est lié. Par définition, une constellation est "un groupe apparent d'étoiles qui présente un aspect reconnaissable."[Petit Robert, 1987].
Pour appuyer le propos, je mets en lien mes deux blogs:
- BANG! [je le tiens depuis plus de 5 ans, c'est plus un espace de monstration, d'avancée de mes travaux]
- LA MANUFACTURE DES LOUPS [ bien plus récent, il date du mois de juin à peu près, et contient plus de textes, de notes d'humeur, de croquis, d'images...]
Chaque point correspond donc à un texte à lire, une improvisation, un son, un dessin en direct... C'est assez éparse, et traite aussi bien de souvenirs que de réflexions personnelles, il y a un côté un peu patchwork.
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L'idée est donc de donner une performance à l'allure de conférence interactive.
Un premier panneau central avec la constellation, sans les noms (j'aurais mon propre plan), en assez grand.
Et deux autres sur le côté, avec un espace d'expression (feuille blanche).
Je laisse donc les spectateurs décider du chemin à prendre dans la constellation, ils choisissent où commencer, où aller. Je me propose donc comme guide, comme stalker, les accompagnant dans cet arpentage. Je débute en expliquant comme je suis arrivée à cette constellation avant de leur laisser le choix, de laisser place à la narration.
La transformation serait donc plutôt chez eux.
Je suis partie sur une durée d'une vingtaine de minutes pour avoir le temps de dresser un peu le portrait.
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Quelques textes associés aux mots:
RÉCIT
Qu’ils soient fictions, ordinaires, amusés, aventuriers, fabuleux, tristes, banals, à l’odeur de la pluie, éclatants, sonores, à vif, épuisants…
Ils se tissent entre eux, s’imbriquent, se séparent, se ressemblent, se rassemblent.
Il y a ceux qui se content au coin du feu, ceux dans un commissariat gris et fade, ceux qui vibrent, qui se glissent sournoisement dans nos rêves et cauchemars. Ceux qui s’échangent sur la table d’une cuisine, au marché, entre deux “il est frais mon fromage!” Ceux qui s’échappent par les livres, qui libèrent et apaisent.
Chaque vie est un récit puissant et profond qui vient en nourrir d’autres.
PORTAIL
Chez ma mère, y a un portail. Il est en fer, et en bois, patchwork de planches, de soudures, et de tiges. Nous dirons que ce portail est plutôt capricieux, surtout par temps humide, là, tu peux tenter quelques instants de le raisonner, mais que nenni, monsieur souffle et proteste, résistant de la première heure, au squelette métallique et entêté, il ne s’ouvre point et te laisse en plan, trempée, tapant du pied devant ce portail pire qu’un canasson de mauvaise humeur, arrosée par les bambous qui tendent à plier vers le sol, couverts du fameux crachin breton.
Bredouille, tu tentes une percée, montrant l’épaule en guise de patte blanche, forte de ton élan, tu passes presque à travers, te rattrapant vaillamment à rien, vacillant sur ta non-stabilité, glissant presque, évitant de justesse une crotte de chien.
Et tu maudis ce foutu portail, brandissant le poing et ton orgueil blessé au fond de lui-même.
Mais sinon, il est sympa, ça va quand même mieux. Nous avons passé quelques accords non officiels. La preuve, on peut sortir de chez nous.
ÉTOILE
Allongée dans l’herbe fraîche, et tapie dans la nuit noire, je regarde les étoiles en haut.
Il n’y a vraiment qu’ici, que je peux les regarder sans être gênée par une quelconque pollution lumineuse, en pleine campagne indrienne. Du mouvement derrière moi, je me redresse un peu, et observe mon grand-père sortir de la maison, il marche sur la terrasse, chargé de son télescope, il se découpe dans la lumière jaunie du lustre. Le jour, il s’abandonne dans son informatique, la nuit, il se réfugie sous les astres.
Il déplie son attirail sur l’herbe sombre, je me lève, et le rejoins alors qu’il règle minutieusement sa machine, l’oeil attentif. Une chauve-souris nous survole tandis qu’il ajuste la position du télescope. C’est calme, se distille le crissement de quelques insectes et oiseaux en fond lointain, quelques faibles lumières allumés dans les quelques maisons du hameau.
Nous passerons les instants suivants à se plonger dans le monde de l’espace, loin de tout, les pieds sur la Terre, et la tête dans les étoiles.
À suivre...
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